Quelques minutes avec… Garth Fagan

Le Roi Lion est un musical faisant appel à de nombreux arts de la scène. Côté danse, par exemple il mèle avec bonheur les mouvements inspirés de la danse moderne, afro-antillaise et du ballet classique. Ses chorégraphies suggèrent la beauté de l’Afrique, le mouvement frêle des antilopes, mais aussi la violence des gnous ou des hyènes.

Garth Fagan est le chorégraphe du Roi Lion. Avec cette œuvre, il remporte en 1998 le Tony® Award – la plus haute récompense pour les musicals – du meilleur chorégraphe. Le Rapport du Matin a pu le rencontrer la veille de la grande première de gala du Roi Lion. Presque 10 ans après, il revient sur la création de cette production qui a accueilli plus de 40 millions de spectateurs dans le monde !

Garth Fagan, bonjour. Pouvez-vous nous dire comment vous avez travaillé sur ce musical ? Est-ce Julie Taymor qui vous a proposé ?

Garth Fagan : Oui exactement, elle était venue voir des représentations de mon ensemble de danse moderne « Garth Fagan Dance ». – Nous avons d’ailleurs joué plusieurs fois à la Maison de la Danse à Lyon. – Elle m’a invité à visiter son atelier et m’a montré ses créations si particulières : les marionnettes et les costumes qu’elle avait dessinés. Elle est très avant-gardiste dans le monde du théâtre, et moi aussi avec mon ensemble de danse, notre rencontre a donc été naturelle, et je la remercie pour ce que nous avons fait ensemble, même si cela a été difficile… (rires).

© Alexandre Rosa / Le Rapport du Matin

Avez-vous travaillé sur la production française, ici à Paris ?

Garth Fagan : Non, c’est Marey Griffith, mon superviseur de danse, qui a suivi cette production. Elle a travaillé sur de nombreuses autres productions du Roi Lion autour du monde, et c’est donc la meilleure personne pour ce travail. Je ne suis pas du tout inquiet du résultat et de ce que je vais voir : je sais que ce sera excellent.

Pour réaliser ces danses et ces chorégraphies, aviez-vous vu le dessin animé ?

Garth Fagan : Le choix du chorégraphe a été fait à l’international et je ne m’en souciais pas trop… Mais quand on m’a appris que j’étais un des trois finalistes, je me suis dit : « Oups, il faudrait peut-être que je vois le dessin animé ! ». Mes enfants étaient déjà grands, il n’y avait donc pas de « Roi Lion » dans les parages ! Je l’ai acheté, je l’ai regardé, et je suis tombé totalement en admiration… Parce que cela se passe en Afrique : c’est si beau et si émouvant, mais aussi parce que c’est l’histoire de l’Enfant Prodigue, et qu’en fait c’est une histoire humaine ! Rafiki est le guide spirituel de cet enfant, et nous aussi nous avons chacun un guide dans nos vies. Ainsi mon grand-père pouvait me demander des choses que j’aurais refusées à mes parents. Et aujourd’hui, je vois la même chose avec mes petits-enfants : je peux toujours leur parler même s’ils sont énervés vis-à-vis de leurs parents. Ce sont des expériences humaines et c’est cela qui m’a touché.

Comment avez-vous travaillé avec Julie Taymor ?

Garth Fagan : Nous avons travaillé séparément, Julie avec les acteurs de son côté et moi avec les danseurs de mon côté. Dès qu’elle avait un moment, elle venait voir ce que nous faisions. De temps en temps, j’allais avec les danseurs la voir et lui montrer ce que nous avions fait. Et de temps en temps, nous étions obligé de travailler ensemble, par exemple sur les grandes scènes comme sur le numéro d’ouverture. Ces moments où il y a tant de danseurs, d’acteurs et de marionnettes sur scène. Nous avons toujours eu une très bonne ambiance de travail, avec beaucoup de pression, mais c’était extraordinaire. Quand vous voulez quelque chose de bien, vous avez besoin de cela.

10 ans après la première à Broadway, que diriez-vous ?

Garth Fagan : Je suis très fier que quelque chose que j’ai créé et sur lequel j’ai travaillé en collaboration avec toutes les autres personnes de l’équipe créative, soit encore en vie à travers 8 ou 9 productions tout autour du monde ! Dans tant de langues et de pays, comme au Japon, à Hambourg, en Australie. Et je suis fier d’avoir travaillé sur une œuvre qui donne tant de joie, à tant de culture et de langues. Quelque soit la langue ou la culture, j’apprécie cette œuvre… Je connais toutes les transitions, toutes les musiques, mais la production toujours aussi émouvante, et elle m’arrache des larmes ! Donc j’attends avec beaucoup d’impatience la version française ! Je suis sûr que cela va être extraordinaire.