Quelques minutes avec… Christian Abart

L’interview de Christian Abart, l’interprète de Timon dans le musical Le Roi Lion, réalisée par le site Timon la Mangouste a reçu un coup de cœur du Rapport du Matin. Nous vous proposons donc une lecture « hors-les-murs ».

Timon la Mangouste
D. R.

Cette interview est intéressante par plusieurs aspects.

  • Les interviews des interprètes de Timon sont très rares… Les équipes de communication, à la demande de Julie Taymor, la metteur en scène, ne souhaitent en effet pas communiquer sur ce personnage pour laisser au futur spectateur une surprise totale.
  • Le ton utilisé est lui aussi très inhabituel puisque c’est Timon lui-même qui interroge à son interprète ! On découvre ainsi une connivence entre le personnage et son acteur.

Le Rapport du Matin vous souhaite une bonne lecture !

Quelques minutes avec… Raphaël Sanchez

Raphaël Sanchez est le directeur musical du Roi Lion. Chaque soir ou presque – il a deux assistants pour l’épauler – il dirige toutes les parties musicales et « tient » sous sa baguette 60 personnes : les solistes, le chœur et l’orchestre du Roi Lion.

Le Rapport du Matin a eu la chance de le rencontrer le mardi 22 janvier 2008, quelques minutes avant le spectacle.

Bonjour et merci d’avoir accepté de répondre aux question du Rapport du Matin. Nous allons commencer par une question que de nombreux spectateurs se posent : l’orchestre du Roi Lion est-il vraiment nécessaire – on ne le voit même pas ? Pourquoi ne pas utiliser plutôt une bande-son ?

© Sébastien / Le Rapport du Matin

Raphaël Sanchez : La question serait plutôt à l’envers, pourquoi est-ce qu’il y a des bandes-son sur d’autres spectacles ? Et pourquoi les danseurs ne seraient-ils pas en hologrammes ? Voici la vraie question !

La partition qui est jouée à Paris est-elle différente de celle de Broadway ?

Raphaël Sanchez : C’est la même partition. Il y a juste de toutes petites retouches qui sont des clins d’œil au public français…

Chaque soir, vous interprétez la même partition : c’est du pilotage automatique ?

Non, chaque soir, le spectacle est différent. La seule chose conservée, c’est le tempo. L’énergie de chaque spectacle dépend des comédiens sur scène, de tous les interprètes. C’est d’ailleurs quelque chose que l’on ne peut pas faire avec un CD, ce mélange impalpable, cette énergie, c’est l’essence même du spectacle.

Pouvez-vous nous présenter l’orchestre et la partition du Roi Lion ?

Raphaël Sanchez : Il y a 18 instrumentistes sur la partition, mais comme ils sont 3 par « poste », cela fait 50 instrumentistes environ. Voici les 18 musiciens présents à chaque spectacle :

  • un quatuor à cordes – donc 4 musiciens
  • un flûtiste ethnique
  • un contrebassiste qui joue aussi de la basse électrique
  • un guitariste électrique et acoustique, qui joue aussi du kalimba
  • un batteur qui joue aussi sur des instruments électroniques
  • un corniste – cor en fa
  • un tromboniste – trombone ténor
  • un tromboniste – trombone basse et tuba
  • un percussionniste dont marimba
  • deux autres postes de percussions
  • trois postes de clavier dont un seul joue les notes qu’il a sous les yeux. Les deux autres jouent des sons ou des mélanges de sons qui sont programmés. Ils peuvent par exemple jouer un do dièse et on entend une clarinette qui fait un arpège.
Les percussions - L'orchestre du Roi Lion
© Sébastien / Le Rapport du Matin

Comment faites-vous pour assurer une qualité musicale, particulièrement en raison du nombre important de doublures et d’intervenants ?

Raphaël Sanchez : Ma journée type ici, c’est 2 à 3 heures de répétition par jour en moyenne et le spectacle. Nous répétons quand c’est nécessaire : pour former les remplaçants par exemple. Quand on veut mettre de nouvelles doublures, on essaie de les grouper et on fait des répétitions avec l’orchestre. Aujourd’hui, j’estime que le spectacle est rôdé au niveau des musiciens, toutes les doublures et les « triplures » musiciens ont joué le spectacle. Pour les répétitions des doublures sur scène, je m’arrange à avoir les doublures de l’orchestre pour pouvoir entretenir le répertoire avec eux.
J’ai aussi pour habitude de donner des indications aux musiciens après ou avant les spectacles. Pendant le spectacle, je prends des notes sur les chanteurs comme sur les musiciens, et je leurs transmets ensuite.

Le travail n’est donc jamais terminé ?

Raphaël Sanchez : Jamais ! Cela fait partie de l’essence même du spectacle d’être un « work in progress » comme disent les anglo-saxons. Si l’on vient deux fois, on verra forcément une évolution !

La configuration de la fosse d’orchestre réalisée pour Le Roi Lion à Mogador ne vous permet pas de voir vos instrumentistes, c’est gênant ?

Raphaël Sanchez : Effectivement je ne vois pas les musiciens mais eux me voient sur un petit écran ! C’est extrêmement curieux… On s’y habitue mais cela a été une surprise un peu cruelle : je ne m’attendais pas à cela et pas à ce point là. J’ai vu le spectacle à Londres, on voyait les musiciens… On m’a dit que c’était pour des questions de sécurité, parce qu’on a besoin de trop d’espace par rapport à la fosse ouverte que l’on pourrait avoir…

Et vous arrivez malgré tout à faire passer des messages avec tel ou tel musicien ?

Raphaël Sanchez : J’arrive à faire passer des choses, parce qu’on a une gestuel différente par type d’instrument. Mais malheureusement, cela peut prêter à confusion et cela oblige donc à faire beaucoup de métrique, et moins de musique.

Vous avez dirigé un certain nombre de musicals présentées à Paris, pourquoi ?

Raphaël Sanchez : C’est un genre qui m’a extrêmement séduit dès que j’y suis entré.
Quand j’ai fait Cats en 1989, j’ai été extrêmement surpris. C’est un genre musical que l’on apprend pas en conservatoire, dont on ne parle pas, qui n’existe pas. C’est un genre sous-considéré dans le monde – entre guillemets – « sérieux » de la musique classique, sous-considéré dans le monde de la variété, sous-considéré dans le monde de la danse. Quand au monde du théâtre, je n’en parle même pas. Finalement, c’est un monde qui a ses propres lois, et qui est une sorte de synthèse d’un extrêmement haut niveau de tous ces mondes confondus.
On a d’excellents chanteurs, d’excellents danseurs, d’excellents comédiens qui mettent leurs talents au service d’un projet dans lequel ils doivent utiliser d’autres talents qu’ils maîtrisent moins. Le danseur doit savoir chanter et le chanteur doit savoir danser, c’est ça la loi dans une comédie musicale. La première chose que j’ai entendu aux auditions de Cats en 1988, c’était « untel est excellent danseur, on le veut », le superviseur musical répondait « je n’en veux pas » et le metteur en scène disait « on va lui apprendre à chanter », et vice et versa. En comédie musicale, on ne cherche pas un danseur type, un chanteur type : on cherche un charisme particulier.

Vous aimez donc ce genre, mais pourquoi avez-vous été choisi ?!

Raphaël Sanchez : Votre question est difficile ! (Rires) J’étais comme un poisson dans l’eau dans ce monde. Je n’ai pas cherché à y entrer, on m’a appelé à chaque fois !
On m’a appelé aussi pour Le Roi Lion. J’ai dirigé Chicago juste avant, et ils m’ont appelé alors que j’étais en tournée avec Le Cirque du Soleil aux États-Unis. Ils m’ont fait faire le voyage jusqu’à Londres pour voir le spectacle – et pour voir si on s’entendait bien !

© Sébastien / Le Rapport du Matin

Comment êtes-vous face au spectacle qui se déroule, face aux imprévus ?

Raphaël Sanchez : Je suis extrêmement paisible. J’ai beaucoup de plaisir à diriger et à faire marcher un spectacle comme celui-là. Je suis de l’école du cirque, du cirque traditionnel où l’on fait avec ce que l’on a. Même si le chapiteau s’écroule, il faut faire croire que c’était fait exprès. J’ai beaucoup d’appétit pour les imprévus – mais il n’y en a pas beaucoup ici, par rapport au cirque !

En ce moment, vous avez d’autres projets ?

Raphaël Sanchez : J’ai d’autres projets comme compositeur, je viens de signer la musique d’une série télévisée qui va passer sur le câble sur 13e Rue et qui s’appelle Temps Mort de James L. Frachon.
J’ai aussi un projet avec un long métrage pour lequel je croise les doigts !

Et bien bonne chance, bonne continuation et merci pour ces réponses ! Et excellente direction du Roi Lion dans quelques minutes !

Plus d’informations sur Raphaël Sanchez sur son site officiel www.raphaelsanchez.com

Quelques minutes avec… l’orchestre

Le Rapport du Matin a beaucoup parlé des créateurs, des solistes voire même des lumières… mais Le Roi Lion, c’est aussi, et avant tout, un « musical » et donc la présence d’un orchestre.

L’orchestre du Roi Lion, c’est presque une vingtaine de personnes chaque soir en fosse, sous la scène, invisibles. Ensemble et sous la direction de leur Directeur Musical Raphaël Sanchez, ils recréent la fabuleuse partition alternant musique pop et chœur africains… Violon, alto, violoncelle, contrebasse, guitare, clavier, flûte, cor, trombone, percussions… plus 100 instruments sont représentés !

En images, quelques minutes dans la fosse d’orchestre du Roi Lion au Théâtre Mogador, le mardi 22 janvier 2008…

© Sébastien / Le Rapport du Matin

Première impression : la fosse est grande, spacieuse… séparée par types d’instruments.

Les cuivres © Sébastien / Le Rapport du Matin

Petit solo de batterie ! © Sébastien / Le Rapport du Matin


Le marimba © Sébastien / Le Rapport du Matin

Le marimba est l’instrument solo pour « Il vit en toi ».

La marimbaiste © Sébastien / Le Rapport du Matin
Le quatuor à cordes © Sébastien / Le Rapport du Matin

Les percussions, l’âme du Roi Lion… © Sébastien / Le Rapport du Matin

Raphaël Sanchez © Sébastien / Le Rapport du Matin

Le Directeur Musical, Raphaël Sanchez, a bien voulu accorder une interview au Rapport du Matin. Elle sera en ligne très prochainement.

© Sébastien / Le Rapport du Matin

Dernier coup de fil de Raphaël Sanchez à la régie avant le lever de rideau !

On ne les voit pas, et pourtant, par leur jeu et leur interprétation, l’orchestre du Roi Lion participe à l’émotion, à l’énergie, à l’enthousiasme transmis au spectateur. Merci à chacun pour votre accueil si chaleureux.

Quelques minutes avec… David Eguren

David Eguren joue le rôle de Zazu dans Le Roi Lion actuellement au théâtre Mogador à Paris. Admirateur de l’œuvre qu’il avait pu voir il y à 8 ans à Londres, il a donc été choisi pour jouer l’oiseau-majordome-confident-du-roi. Chaque soir, il est acclamé par les spectateurs pour « son humour et son jeu ». Il s’agit pourtant d’un personnage compliqué à jouer puisque l’acteur est « d’abord » marionnettiste ! Rencontre avec ce talentueux comédien.

Le Rapport du Matin a pu rencontrer David Eguren quelques minutes après les derniers applaudissements de la grande première de gala le jeudi 4 octobre.

Vous jouez le rôle d’un oiseau, n’est-ce pas un rôle « hors du commun » pour un acteur ?

David Eguren : Oui, en effet, c’est très particulier. Mais il ne faut pas se dire que l’on joue un oiseau à priori : le rôle est celui d’un majordome, d’un conseiller du roi. C’est avant tout ce personnage que je joue. Qu’il soit un oiseau, et qu’il soit représenté par une marionnette, cela vient en second plan. Evidemment, au final, cette marionnette devient le premier plan, puisque le vrai personnage, c’est elle : je ne suis que l’acteur qui lui donne la réplique.
Pour mon travail, j’ai avant tout pensé que j’étais un majordome, un conseiller. Avec Julie Taymor, nous avons d’abord travaillé sur le texte et sur les rapports finalement humains entre les personnages. Ensuite seulement, nous avons pensé qu’ils étaient des animaux.

L’apprentissage de la marionnette, c’est venu « naturellement » ?

Zazu (David Eguren) © Alexandre Rosa / Le Rapport du Matin

David Eguren : Naturellement ? Non ! Pas du tout ! (rires) Quand on commence à apprendre le texte, et quand on vous donne cette marionnette dans les mains, il y a un moment de questionnement : « Comment vais-je interpréter mon personnage avec cette marionnette, cet objet… qui est sans vie ? Comment vais-je pouvoir faire passer les émotions, le rire et les moments dramatiques à travers cette marionnette ? » Le secret c’est de considérer que le personnage est la marionnette : un personnage en deux personnages finalement. Après cela, l’interprétation vient toute seule. Pour la manipulation, nous avons été superbement bien coachés par des marionnettistes. Ils nous ont fait travailler, ils nous ont donné des trucs, et cela s’est très bien passé ! J’ai d’ailleurs eu beaucoup de compliments car apparemment, j’ai appris très vite à la manipuler ! (rires) Mais c’est vrai qu’il y a un moment où l’on se dit : « mais comment vais-je jouer mon personnage avec ça ? bon ! ». Après, c’est du travail, c’est du travail tous les jours… et voilà !

Et en deux mois, vous étiez prêt ?

David Eguren : En deux mois, et même avant… car il le fallait ! C’est caractéristique du travail avec les américains : il faut tout de suite intégrer les choses – ce ne sont pas des tirants et tout s’est très bien passé ! – mais cela a été un travail où il a fallu être très disponible tout le temps ! Nous avions de très longues répétitions, 6 jours sur 7… mais elles ont fait leurs preuves, il n’y a pas de secret !

Une dernière question, vous êtes « assez » maquillé… la préparation est longue ?

David Eguren (Zazu) © Alexandre Rosa / Le Rapport du Matin

David Eguren : Il y en a pour une petite heure de maquillage, de mise en place de perruque et de chapeau ! Et un petit moment aussi pour se démaquiller : il faut bien ½ heure pour enlever tout ça !

Merci beaucoup pour le temps que vous nous avez accordé. Nous vous laissons justement vous dé-zazu-ifier !

Quelques minutes avec… Julie Taymor

Julie Taymor est la metteur en scène du Roi Lion, c’est l’âme de cette production. Artiste aux multiples talents, elle a mis en scène, créé les costumes, co-créé les masques et les marionnettes et écrit les paroles d’une chanson pour Le Roi Lion ! Pour ce travail, elle est récompensée en 1998 par le Tony® Awards – la récompense la plus prestigieuse pour un musical – de la Meilleure Mise en Scène d’un musical et des Meilleurs Costumes. Cette artiste hors du commun, qui a travaillé aussi pour le théâtre, pour l’opéra ou pour des films, a fait du Roi Lion une expérience unique… « Il y a tout simplement rien de comparable » déclarait le The New York Times.

Le Rapport du Matin a pu rencontré Julie Taymor, le soir de la grande première de gala le jeudi 4 octobre 2007, quelques minutes après la standing ovation générale !

Vous avez monté plus de 10 productions du Roi Lion à travers le monde. Sentez-vous des différences d’un pays à un autre ?

Julie Taymor : Oui, chaque pays doit pouvoir trouver sa propre personnalité. Et après avoir vu ce que j’ai vu ce soir, je suis très fière que cela soit si fidèle à l’original, mais aussi que cela soit si français. J’ai trouvé par exemple que les chansons d’Elton John fonctionnent très bien en français, et nous en sommes très heureux. Chaque acteur apporte sa propre personnalité, son talent, et culturellement, il apporte ce qui lui appartient, sa propre culture. Les sonorités africaines et la langue française fonctionnent très bien ensembles. Je ne suis pas surprise, mais j’en suis ravie !

Précisément, avez-vous beaucoup travaillé sur la langue, en association avec Stéphane Laporte ?

Julie Taymor : Stéphane Laporte a fait un très beau travail. Nous avons du en permanence faire des ajustements, nous assurer que cela fonctionnait bien et que la langue voulait bien dire la même chose tout en gardant une couleur locale. Il y a des choses qui ne pouvaient pas fonctionner, cela a été adapté, comme cela doit l’être. Ce n’est pas une production étrangère, ou une production américaine, c’est une production qui appartient au théâtre mondial. C’est inspiré du théâtre asiatique, africain, européen et américain. Dans ce sens, cette œuvre transcende les cultures, les différences et les frontières, cela se sent. Les acteurs, la musique font cela. Et les spectateurs sentent effectivement que cela leur appartient.

Et pour finir, combien de temps avez-vous passé sur cette production de Paris ?

Julie Taymor : Je suis venu la première et la dernière semaine des répétitions. Et j’ai laissé entre les deux un très talentueux jeune homme qui est mon associé pour continuer le travail en mon absence. Je pense qu’au début, les acteurs ont besoin de connaître l’inspiration de chaque personnage, et l’idée des mouvements. J’ai créé les masques donc je les connais. Et puis ensuite il y a beaucoup d’apprentissage par les répétitions, ils doivent apprendre leurs rôles,… Et enfin, après quelques avant-premières, je reviens et je peux les amener à un niveau supérieur parce que je suis le metteur en scène d’origine. C’est toujours bien d’avoir la vision originale…

Merci beaucoup Julie Taymor pour ces quelques mots. Félicitations pour cette production.

Quelques minutes avec… Garth Fagan

Le Roi Lion est un musical faisant appel à de nombreux arts de la scène. Côté danse, par exemple il mèle avec bonheur les mouvements inspirés de la danse moderne, afro-antillaise et du ballet classique. Ses chorégraphies suggèrent la beauté de l’Afrique, le mouvement frêle des antilopes, mais aussi la violence des gnous ou des hyènes.

Garth Fagan est le chorégraphe du Roi Lion. Avec cette œuvre, il remporte en 1998 le Tony® Award – la plus haute récompense pour les musicals – du meilleur chorégraphe. Le Rapport du Matin a pu le rencontrer la veille de la grande première de gala du Roi Lion. Presque 10 ans après, il revient sur la création de cette production qui a accueilli plus de 40 millions de spectateurs dans le monde !

Garth Fagan, bonjour. Pouvez-vous nous dire comment vous avez travaillé sur ce musical ? Est-ce Julie Taymor qui vous a proposé ?

Garth Fagan : Oui exactement, elle était venue voir des représentations de mon ensemble de danse moderne « Garth Fagan Dance ». – Nous avons d’ailleurs joué plusieurs fois à la Maison de la Danse à Lyon. – Elle m’a invité à visiter son atelier et m’a montré ses créations si particulières : les marionnettes et les costumes qu’elle avait dessinés. Elle est très avant-gardiste dans le monde du théâtre, et moi aussi avec mon ensemble de danse, notre rencontre a donc été naturelle, et je la remercie pour ce que nous avons fait ensemble, même si cela a été difficile… (rires).

© Alexandre Rosa / Le Rapport du Matin

Avez-vous travaillé sur la production française, ici à Paris ?

Garth Fagan : Non, c’est Marey Griffith, mon superviseur de danse, qui a suivi cette production. Elle a travaillé sur de nombreuses autres productions du Roi Lion autour du monde, et c’est donc la meilleure personne pour ce travail. Je ne suis pas du tout inquiet du résultat et de ce que je vais voir : je sais que ce sera excellent.

Pour réaliser ces danses et ces chorégraphies, aviez-vous vu le dessin animé ?

Garth Fagan : Le choix du chorégraphe a été fait à l’international et je ne m’en souciais pas trop… Mais quand on m’a appris que j’étais un des trois finalistes, je me suis dit : « Oups, il faudrait peut-être que je vois le dessin animé ! ». Mes enfants étaient déjà grands, il n’y avait donc pas de « Roi Lion » dans les parages ! Je l’ai acheté, je l’ai regardé, et je suis tombé totalement en admiration… Parce que cela se passe en Afrique : c’est si beau et si émouvant, mais aussi parce que c’est l’histoire de l’Enfant Prodigue, et qu’en fait c’est une histoire humaine ! Rafiki est le guide spirituel de cet enfant, et nous aussi nous avons chacun un guide dans nos vies. Ainsi mon grand-père pouvait me demander des choses que j’aurais refusées à mes parents. Et aujourd’hui, je vois la même chose avec mes petits-enfants : je peux toujours leur parler même s’ils sont énervés vis-à-vis de leurs parents. Ce sont des expériences humaines et c’est cela qui m’a touché.

Comment avez-vous travaillé avec Julie Taymor ?

Garth Fagan : Nous avons travaillé séparément, Julie avec les acteurs de son côté et moi avec les danseurs de mon côté. Dès qu’elle avait un moment, elle venait voir ce que nous faisions. De temps en temps, j’allais avec les danseurs la voir et lui montrer ce que nous avions fait. Et de temps en temps, nous étions obligé de travailler ensemble, par exemple sur les grandes scènes comme sur le numéro d’ouverture. Ces moments où il y a tant de danseurs, d’acteurs et de marionnettes sur scène. Nous avons toujours eu une très bonne ambiance de travail, avec beaucoup de pression, mais c’était extraordinaire. Quand vous voulez quelque chose de bien, vous avez besoin de cela.

10 ans après la première à Broadway, que diriez-vous ?

Garth Fagan : Je suis très fier que quelque chose que j’ai créé et sur lequel j’ai travaillé en collaboration avec toutes les autres personnes de l’équipe créative, soit encore en vie à travers 8 ou 9 productions tout autour du monde ! Dans tant de langues et de pays, comme au Japon, à Hambourg, en Australie. Et je suis fier d’avoir travaillé sur une œuvre qui donne tant de joie, à tant de culture et de langues. Quelque soit la langue ou la culture, j’apprécie cette œuvre… Je connais toutes les transitions, toutes les musiques, mais la production toujours aussi émouvante, et elle m’arrache des larmes ! Donc j’attends avec beaucoup d’impatience la version française ! Je suis sûr que cela va être extraordinaire.

Quelques minutes avec… Stéphane Laporte – 2

Le musical Le Roi Lion actuellement au théâtre Mogador à Paris est une copie conforme au spectacle présenté à Broadway depuis 10 ans.

Pas tout à fait, car il se distingue en effet de la version originale sur deux points :
Le premier changement concerne les interprètes et les techniciens qui sont, pour la grande majorité, locaux et donc français. Le second changement concerne la langue puisque, comme dans tous les autres pays du monde, le spectacle est présenté dans la langue locale. Pas tout à fait en réalité puisque seul l’anglais a été traduit, les dialectes et autres langues africaines utilisés sont conservés ! C’est Stéphane Laporte qui a réalisé cette difficile opération qu’est une adaptation !

Le 23 avril 2007, Le Rapport du Matin avait déjà interviewé Stéphane Laporte, l’adaptateur-traducteur de la version française du Roi Lion. Le Rapport du Matin a de nouveau rencontré Stéphane Laporte lors d’une conférence de presse, la veille de la première, le 3 octobre 2007. Entre ces deux dates, l’adaptation a rencontré les remarques des équipes créatrices américaines, les artistes-comédiens français qui l’interprète ainsi que le public lors des avant-premières…

Après le premier travail de traduction, comment se sont passés les modifications de texte ?

Stéphane Laporte : Cela s’est fait très naturellement. Il y a certains mots qui étaient impossibles parce que la mise en scène, à certains moments, nécessite un mot particulier. Je n’avais vu le spectacle que deux fois à Londres en janvier, et on n’arrive pas à assimiler une mise en scène d’un spectacle de 2h30 en 2 représentations seulement ! Il a donc fallu modifier quelques textes et quelques paroles de chansons. Mais tout ça s’est fait tout naturellement.

Quel a été votre travail avec la musique ?

Stéphane Laporte : Je joue du piano donc je travaille à partir des partitions. Je fais en sorte que cela cadre en français comme cela peut cadrer en anglais. En faisant particulièrement attention aux fameux accents toniques qui sont complètement différents en anglais et en français. Si un accent tonique est mal placé en français, le spectateur va mal entendre ce qui est dit – du coup on va perdre la phrase et ne va pas entendre la phrase qui suit… Et cela fait boule de neige : un accent tonique mal placé peut fiche en l’air une chanson ! Donc il y a vraiment un travail à faire, je pense d’ailleurs qu’il est crucial d’être un petit peu musicien pour arriver à écrire des paroles.

Et donc vous allez jusqu’à écouter les sons ?

Stéphane Laporte : J’essaie au maximum. Prenons l’exemple de Rafiki qui est jouée par une artiste sud-africaine, comme dans toutes les productions du monde d’ailleurs. Elle ne parle pas français : j’avais écrit une première ouverture de Cercle of Life en français. Elle l’a apprise parce qu’elle est extrêmement consciencieuse et qu’elle est géniale – je ne sais pas si vous avez vu le spectacle, elle est inouïe ! – et en fait, elle avait un mal fou. J’ai donc réécrit le passage avec le moins possible de « an » et de « on » et, du coup, c’est plus facile pour elle. Je crois qu’il faut aussi tenir compte des artistes.

Combien de temps cela prend pour un travail comme cela ?

Stéphane Laporte : Cela m’a pris à peu près deux mois en début d’année et les répétitions après, donc environ 4 mois.

Quelle liberté avez-vous par rapport au texte original ?

Stéphane Laporte : Il y a beaucoup de références françaises qui, je m’en félicite, ont été approuvées par Disney. On peut trouver par exemple « Je suis malade » de Lara Fabian. On trouve aussi un cancan d’Offenbach qui remplace un charleston qui était dans le spectacle d’origine. Donc des références très franco-françaises, et ils les ont validées sans aucun souci.

Qu’est ce qui a été difficile ?

Stéphane Laporte : Il y a beaucoup de jeux de mots, et c’est un cauchemar pour l’adaptateur car un jeu de mot, cela ne se traduit pas… Il a donc fallu en trouver d’autres. Et cela m’a pris beaucoup de temps !

Il y a un personnage pour lequel l’adaptation a été plus difficile ?

Stéphane Laporte : Oui, les hyènes. Et je crois que dans tous les pays c’est pareil. Elle ont un genre un peu ghetto, donc il faut faire attention à ne pas tomber dans la caricature. Heureusement, l’interprète de Banzaï, qui est la hyène principale, vient du sud-ouest. Il a donc gardé l’accent de là-bas, et cela ne fait pas ghetto du tout…

Avez-vous eu des exigences à respecter par rapport aux paroles initiales ?

Stéphane Laporte : Oh oui ! Prenons l’exemple de la chansons d’ouverture « Cercle of Life » – dans le film « L’histoire de la vie » – Julie Taymor, la metteur en scène, a vraiment insisté pour qu’on trouve l’image du cercle car c’est un élément visuel très fort du spectacle. J’avais suggéré « La chaîne de la vie », « La ronde de la vie »… Rien à faire, il a fallu que cela soit « Le Cercle de la vie ». Il y a d’ailleurs certaines paroles qu’il a fallu intégrer à la version française, même si quelques fois, c’est un choix que je n’aurais pas fait !

Et justement, par rapport au dessin animé que tout le monde connaît, y-a-t’il des choses qui vont se ressembler ?

Stéphane Laporte : Si cela se ressemble, ce sera accidentel car je n’ai vu le dessin animé qu’après avoir fini l’adaptation – exprès –. Justement pour éviter qu’on puisse dire « il a pompé »… Et puis aussi parce que l’adaptation répond à des exigences différentes : Dans le dessin animé, il y a des labiales qui correspondent à ce qui est dit en anglais et qui doivent être approchées pour la version française. Dans le spectacle, ce qui compte par-dessus tout, c’est le message, et la correspondance avec le visuel. Je ne crois pas que cela aurait été pertinent de reprendre les paroles du dessin animé.

Quand avez-vous bouclé les dernières modifications ?

Stéphane Laporte : Hier ! Littéralement hier ! La veille de la première.

Et là, c’est sûr, c’est bouclé ?

Stéphane Laporte : Non ! (rires) Non, cela fait partie du service après-vente. Je vais intervenir régulièrement pour changer les petites choses qui fonctionnent moins bien que ce que j’espérais…

Et quel est le plus beau compliment que l’on peut vous faire sur le texte ?

Stéphane Laporte : Qu’on oublie que c’est une traduction. Ce qui me fait le plus plaisir, c’est de me dire qu’on a l’impression que l’œuvre a été écrite en français.

Quelques minutes avec… Stéphane Huard

Stéphane Huard est le directeur général de Stage Entertainment France et producteur du Roi Lion à Paris. Le Rapport du Matin l’a rencontré pour parler de la politique tarifaire du musical Le Roi Lion.
Le Rapport du Matin : Les prix des places pour Le Roi Lion, au théâtre Mogador en octobre prochain, oscillent entre 3 à 10 fois une place de cinéma, n’est-ce pas un peu cher ?

Stéphane Hard : Vous savez, les prix des places que nous vous proposons sont en cohérence avec les prix des autres villes du monde. Par exemple, à Hambourg Le Roi Lion se donne pour la 5e année, certaines places sont vendues plus de 100 euros. Pour Paris, on trouve des places entre 25 et 99 euros.

Pour expliquer ces prix, il faut d’abord rappeler qu’à chaque représentation, plus de 135 personnes, sur scène, dans la fosse d’orchestre et en coulisses sont présentes.

Le résultat : c’est un spectacle qui donne énormément au public — d’un point de vue visuel comme d’un point de vue sonore. Et je vous parie qu’à la sortie, personne ne viendra nous dire que ce spectacle ne valait pas ce coût !

Sur Cabaret, nous avons eu la même question, il y a un an. Aujourd’hui nous avons eu plus de 200 000 spectateurs avec certaines places vendues plus de 80 euros.

Pour offrir à chaque spectateur une visibilité optimale, nous avons entrepris de gros travaux dans la salle du théâtre Mogador et dans les espaces d’accueil. Nous proposons aussi une politique tarifaire adaptée aux comités d’entreprises, et pour simplifier l’expérience du Roi Lion aux provinciaux, nous avons des partenariats avec la SNCF et des hôtels parisiens.

Pour conclure, on pourrait comparer le monde du spectacle avec les restaurants. Quand vous allez au restaurant, vous le choisissez en fonction des circonstances : quand vous allez dans un grand restaurant, c’est un choix pour un événement extraordinaire.

Pour le musical Le Roi Lion, c’est la même chose : vous allez le voir une ou deux fois dans votre vie. Il s’agit d’un événement, presque d’un engagement personnel, et vous n’en sortez pas déçu !

Le Rapport du Matin : Merci beaucoup pour ces explications, et bonne fin de préparation d’ici le 4 octobre 2007 pour la première au Théâtre Mogador !

Pour en savoir plus sur la qualité de cette production, Le Rapport du Matin vous propose de consulter sa rubrique J’ai vu Le Roi Lion qui rassemble des interviews de francophones ayant vu Le Roi Lion à l’étranger.

Quelques minutes avec… Zama Magudulela

Zama Magudulela interprétera le singe Rafiki pour la production de Paris. Le Rapport du Matin a pu l’interviewer lors du schowcase le 23 avril 2007.

Vous venez d’interpréter en français « La chaîne de la vie » et d’autres titres, il y a quelques minutes… vos impressions ?

Zama Magudulela : J’avais très peur quand je suis entré sur scène. Le public a répondu, je l’ai senti attentif, présent. Une atmosphère s’est installée, et tout de suite je me suis senti mieux. Le public est vraiment bien.

Vous êtes originaire d’Afrique du Sud, vous connaissez la langue française ?

Zama Magudulela : Je ne la connais pas, mais je vais l’apprendre et j’en suis heureuse. Apprendre avec les gens avec qui je vais travailler, et apprendre en vivant dans ce pays… Je vais m’adapter, ça va aller !

Quel a été votre parcours avant d’arriver pour la production du Roi Lion à Paris ?

Zama Magudulela : J’étais dans l’ensemble [NDLR : le chœur] et en doublure de Rafiki en Australie durant 3 ans, après nous avons fait une tournée de 3 mois en Chine à Shanghai en langue anglaise, et ensuite 1 an en Allemagne.

Mais combien de langues connaissez-vous ?

Zama Magudulela : Onze environ… Le zulu, le xhosa, le swati et je comprend le sotho et d’autres encore… et bien sûr l’anglais, et l’allemand… et bientôt le français !

Donc bon courage et à très bientôt sur scène !

Quelques minutes avec… Olivier Breitman

Rencontre avec Olivier Breitman, l’interprète de Scar…

Le Rapport du Matin : Bonjour, pourquoi avoir auditionné pour Le Roi Lion ?

Olivier Breitman : J’ai appris par internet que Stage montait ce spectacle, et je me suis dit : « je veux être dans cette aventure ! ». J’ai fait des pieds et des mains… non, pas tout à fait… mais j’ai fait envoyer un CV par mon agent en espérant être convoqué… et cela a été le cas.
L’avantage du système d’auditions de Stage Entertainment, c’est que les auditions sont très ouvertes. Ils ne convoquent pas tout le monde bien sûr, mais chacun peut postuler. J’ai donc envoyé un CV, j’ai été convoqué pour une première audition, ils m’ont juste fait chanter quelques secondes… ensuite une deuxième, troisième, quatrième, cinquième audition, ils affinent à chaque fois. L’inconvénient, c’est que cela dure des mois, l’avantage, c’est que tout le monde a vraiment sa chance. Dans mon cas, je ne viens pas du théâtre musical, même si j’ai beaucoup chanté dans des pièces de théâtre, ce sont deux milieux très séparés… un peu comme des clans ! Cette manière de procéder ouvre, permet de donner à chacun sa chance… et j’en ai profité.

LRDM : Justement vous dites vous-même ne pas venir du théâtre musical… est-ce que cela ne vous fait pas un peu peur ?

OB : C’est vrai que l’aspect « Broadway » n’est pas ce que j’ai l’habitude de faire, mais je pense qu’il suffit de s’adapter au style de chaque spectacle… Quelque soit le genre, un acteur reste toujours dans la même volonté de jouer de manière équilibrée. Il faut que la forme soit belle, que le fond soit juste… que cela soit profond et passionnant en même temps. J’ai beaucoup travaillé avec un metteur en scène japonais sur la stylisation théâtrale, et même si cela n’a rien à voir avec le Japon, cette technique m’a aidé pour n’importe quel genre de spectacle, et maintenant certainement pour styliser mon personnage de lion… Alors, non, je n’ai pas peur !

LRDM : Une dernière question, un peu stupide : vous allez jouer le rôle de Scar, du méchant, vous attendez-vous à être hué ?

OB : Je ne sais pas si ça existe encore… On raconte qu’autrefois celui qui jouait le traître devait se cacher en sortant du théâtre pour ne pas se faire lyncher… Mais en tout cas, si c’est le cas, c’est que les spectateurs auront vraiment cru en mon personnage… Ce sera la surprise ! J’essayerai d’être « le lion que vous aimerez haïr ».

LRDM : Merci beaucoup, et très bon travail d’ici le mois d’octobre !