Les archives du web : rapport de stage d’une lycéenne auprès de la production de La Belle et la Bête de Stuttgart

Simone Frasch est une lycéenne allemande qui a effectué un stage de deux semaines auprès de la production de La Belle et la Bête à Stuttgart en Allemagne. Voici une traduction d’un extrait de son rapport de stage.

Découverte d’un métier au lycée
2 semaines à la rencontre de la magie de Disney

Tout commence par ma lettre de candidature demandant à effectuer un stage auprès de la production de “La Belle et la Bête”. J’espère impatiemment qu’une réponse positive va suivre. Fin août 1998, je reçois cette lettre tant désirée qui m’offre un stage d’une semaine. Elle me donne aussi le numéro de téléphone de Monsieur Boßmann que je dois contacter environ trois semaines avant le début du stage. Il doit me donner plus de précisions sur le contenu du stage. Je contacte alors toutes les autres entreprises que j’ai sollicitées et qui avaient acceptées. Le stage tombant juste avant les vacances de Pâques, cela me permettra éventuellement de le prolonger. Après une courte conversation téléphonique avec Monsieur Boßmann, tout est réglé, il ne me reste plus qu’à attendre six mois !

Avant que mon stage ne commence véritablement, je rends une petite visite à “La Belle et la Bête” pour chercher le programme de mon stage et quelques autres renseignements. Je me présente à l’entrée des artistes et demande Frank (Responsable artistique). Pour me donner un petit avant-goût de ce qui m’attend, Frank me fait visiter la scène, la cafétéria, la régie et la salle de repos. Maintenant il ne me reste plus qu’une semaine et demie, et je suis déjà très impatiente d’en voir et d’en apprendre plus. Un spectacle comme celui-ci demande beaucoup de travail, de créativité et de talent. Et c’est exactement ce qui m’intéresse et ce sur quoi je veux en savoir plus.

Enfin le jour tant attendu arrive !

23 mars 1999 – 13 heures

Mon stage commence !

Je monte au deuxième étage où je me présente à la régie. En passant j’entrevois une partie du théâtre. Je trouve Frank dans la salle de repos où je fais connaissance avec quelques personnes de l’équipe technique. Entre autre Susanne. Je “l’aide” à changer deux lampes (ce qui veut dire que je lui passe de temps en temps quelque chose où que je lui tiens ceci ou cela) et à découper des filtres colorés qui servent pour les effets de lumière. Plus tard Lars me montre toute la scène. On ne voit les différents domaines qu’aborde une comédie musicale que lorsque l’on regarde les coulisses : la technique, le son, l’éclairage, les costumes, la mise en scène, les accessoires…

Lars me fait découvrir tous les pupitres de contrôle de sonorisation et d’éclairage ; nous montons tout en haut, au quatrième étage. Là, se trouvent les spots appelés “poursuites” qui permettent de bien éclairer les comédiens sur la scène. Et c’est loin d’être facile !

Je dois donc rester là (silencieuse sur une passerelle perchée à 35 mètres) sans bouger pour ne pas déranger les acteurs qui répètent justement sur la scène à 35 mètres de là. À la fin de la visite, je me rends compte combien de répétitions il faut pour que Gaston, le vantard, paraisse si vantard. Il faut beaucoup de concentration et de précision pour que tout s’accorde : le chant, le jeu de l’acteur, les lumières, les décors et les effets spéciaux.

Après les répétitions, tous les projecteurs sont testés un par un comme avant chaque spectacle (cela permet d’éviter un nombre important de problèmes). Avec la fin des vérifications prend fin aussi mon premier jour de stage.

Mercredi 24 mars 1999

Au programme d’aujourd’hui la Scénographie.

Après un court arrêt dans la salle de repos, Markus me montre absolument tout ce qui concerne la Scénographie. Ainsi je regarde par exemple de 25 mètres de haut, à travers la grille qui tient les cintres, les répétitions sur la scène ! Si nous sommes à cette hauteur c’est que Markus me montre et m’explique le système des “cintres”. Plus tard je l’accompagne aux pupitres de commande de la Technique.

Là, on m’équipe d’un casque et je peux écouter les conversations et les ordres, suivre leur exécution sur les écrans ou, en me contorsionnant un peu, sur la scène. A la fin de ma deuxième journée, j’arrive à comprendre quelques notions de la Technique :

La Technique est divisée en deux parties : la machinerie supérieure et la machinerie de scène.

La machinerie supérieure se compose de 71 “cintres” (parties de décors montées et descendues à l’aide de câbles).

La machinerie supérieure est indépendante de l’œuvre (c’est à dire qu’elle peut être réemployée à chaque nouvelle œuvre présentée, elle fait partie intégrante du théâtre.)

La machinerie de scène, par contre, a été fabriquée spécialement pour La Belle et la Bête. Quand les représentations de La Belle et la Bête prendront fin, toute cette machinerie sera démontée et emportée. La machinerie de scène se compose d’environ 25 accessoires téléguidables et de 13 non-téléguidables. Un accessoire téléguidable peut être déposé à chaque point de sa rainure de transport. Les accessoires non-téléguidables peuvent seulement aller d’un point A à un point B.

Le guidage de toute la machinerie se fait grâce à un logiciel spécial.

Tout le système doit passer un contrôle technique annuel.

Un rideau pare-feu qui pèse environ 12 tonnes peut séparer la salle de spectacle de la scène en cas d’incendie. Celui-ci peut être baissé en à peine une minute. Pour plus de sécurité, 2 pompiers sont présents à chaque représentation dans la salle de spectacle.

Jeudi 25 mars 1999

Aujourd’hui mon parcours à la découverte de La Belle et la Bête me conduit au magasin des accessoires. Tout d’abord Judith me montre des endroits du théâtre que je n’ai encore pas vus. C’est à dire la scène secondaire, où les acteurs s’exercent quand ils ne le font pas sur la véritable scène, la Régie, les ateliers d’accessoires et de pyrotechnie, les entrepôts…

Après cela je regarde le renouvellement des charges pyrotechniques qui est à refaire chaque jour, pour qu’à chaque spectacle, les fumées puissent exister, les explosifs puissent exploser, les feux d’artifices puissent démarrer !

Ensuite j’aide à installer un cordon lumineux sur une armoire d’accessoires car pendant le spectacle, sur le plateau, il fait noir comme dans un four. En faisant cela nous conversons sur le métier, sur l’avenir. Avant les répétitions, il nous reste du temps pour examiner les petits accessoires.

Pendant les 2 heures de répétitions, un casque me permet de nouveau de suivre le travail de la Régie (mis à part quelques petites manipulations, je suis réduite à regarder faire) car c’est à l’accessoiriste de faire en sorte que le spectacle se déroule normalement. Il doit remettre les accessoires supplémentaires aux acteurs, remettre à leur place les grands accessoires qui ne sont plus utilisés après les avoir sortis des rainures.

Je profite de la pause due à la collision entre deux accessoires pour faire connaissance avec deux autres stagiaires. Exactement comme moi, elles se trouvent aussi ici dans le cadre d’un stage scolaire.

Après les répétitions, j’aide Conny également accessoiriste, avec laquelle j’avais discuté auparavant autour d’un café, à mettre à leur place les accessoires utilisés pendant les répétitions, à nettoyer la cloche en verre de la rose magique, à plier les chapeaux-clac et à les accrocher.

Normalement c’est tout pour aujourd’hui, mais quand Conny me demande si je ne veux pas assister à la préparation de la transformation en fée, je reste jusqu’à un quart d’heure avant le spectacle. Je passe donc environ une demi-heure dans la salle de repos avant de regarder les préparations.

Ainsi mon troisième jour chez La Belle et la Bête n’a pas du tout été ennuyeux car l’atmosphère est vraiment sympa, tout le monde est aimable…

“Tu n’as pas besoin d’être fou pour faire ce métier, mais cela aide singulièrement.”

Samedi 27 mars 1999

Aujourd’hui j’explore la sonorisation. Après une courte présentation des appareils que les techniciens doivent savoir utiliser, j’arrive à la conclusion qu’un technicien du son doit également avoir une bonne mémoire des couleurs pour repérer les boutons ! Mon premier arrêt se fait dans la salle de radio. La salle de radio est la salle de contrôle des micros. Peter est justement en train de contrôler systématiquement tous les micros. Pendant qu’il dit quelque chose comme “le test, blablabla”, un autre technicien donne le OK ou exige un réglage, etc.…

Ensuite Peter m’emmène aux pupitres de contrôles où Stefan m’explique les fonctions de chaque bouton. Après cela j’ai une pause jusqu’au spectacle de l’après-midi. Car j’ai le droit de suivre la première partie de la représentation dans la salle du Son. C’est là que j’ai l’occasion de voir pour la première fois le spectacle du point de vue des spectateurs. Mais en fait je fais plus attention aux ordinateurs et aux écrans de contrôle qu’au spectacle lui-même. Le technicien assis devant son ordinateur, doit réagir à des signes précis et des mots clefs. Quand il n’y a pas d’effet, je discute avec Michael de son recrutement, de mes projets professionnels, des comédiens et de leur talent et de beaucoup d’autres choses. Pendant l’entracte de 30 minutes, nous allons à la cantine pour prendre un déjeuner tardif.

Après l’entracte, je passe le deuxième acte dans la salle de radio chez Peter. Quand tout fonctionne bien, il n’a pas grand chose d’autre à faire que vérifier sans cesse que les micros n’ont pas été endommagés par les lourds costumes. Le spectacle se passe sans incident ce qui prouve bien sûr la qualité du travail des techniciens, mais c’est aussi moins spectaculaire. Car quand il y a un pépin, on travaille et on improvise d’arrache-pied dans les coulisses. (“Quand il n’y a plus un bruit chez nous, c’est qu’il y un méchant problème quelque part!”)

Après le spectacle j’aide Peter avec un voltmètre à vérifier les batteries des micros. Après chaque spectacle il faut vérifier et changer les batteries pour le spectacle suivant. J’aide en distribuant les micros aux acteurs. Après cela, ma journée de travail est terminée. Même si je n’ai pas vu tout le spectacle, je sais désormais comment on travaille dans les coulisses et je vois cette œuvre vraiment avec d’autres yeux.

Dimanche 28 mars 1999

La mise en scène est au programme.

Après l’entracte de la séance de 15 heures, je reprends le casque et je suis la mise en scène. Au changement de décors, le responsable vérifie que chaque chose est à sa place, qu’il n’y a pas de problème pour la scène suivante, etc.…

Une personne de l’équipe du management est pendant tout le spectacle le “topeur”. Le ”topeur” donne tous les signaux pour les lumières, les effets, les décors… J’ai la possibilité de regarder le spectacle de côté et je vois pour la première fois la transformation, vraiment géniale, de la Bête en Prince. Après le spectacle j’aide au rangement du rideau “Kakubi” (c’est le rideau de la scène “Sei hier Gast” [C’est la fête]).

Mardi 30 mars 1999

Aujourd’hui je suis à la Scénographie.

D’abord j’accompagne Frank à la vérification de la scène. Après quelques instructions, j’ai le droit d’actionner moi-même des cintres (ce n’est pas désagréable de faire bouger 300 à 600 kg à l’aide d’un petit levier). Pendant les répétitions, où seuls les acteurs principaux jouent, je suis de nouveau en haut, aux pupitres de commandes avec Muha et Steffen. De là je les suis par l’intermédiaire de 5 caméras différentes et grâce à mon casque. À cause de la routine, je commence à trouver le temps long, Muha et Steffen aussi d’ailleurs. Mais quand le “go” du “toper” arrive un peu trop tôt et que Belle sort tout simplement avec l’accessoire sur lequel elle se trouvait justement, nous sommes de nouveau parfaitement réveillés.

De la première galerie, où se trouve la Scénographie, je vois directement la scène et les répétitions.

A ceux qui pensent que jouer et chanter, c’est facile, je peux assurer que cela demande beaucoup de force et de concentration pour savoir exactement où doit se trouver tout à chaque scène ! J’avais moi aussi pris ce métier pour beaucoup plus facile qu’il ne l’est. Mais maintenant je me rends compte du nombre de répétitions nécessaires pour que chaque scène soit réussie à 100 % !!!

Dimanche 4 avril 1999

Pour la fin de mon stage, je reçois un ticket gratuit pour voir La Belle et la Bête. J’ai déjà vu le spectacle des salles de techniques ou de la scène, mais le regarder installée dans un fauteuil confortable, c’est autre chose !

Savoir comment se font telle ou telle chose, comprendre ce qui se passe dans les coulisses, reconnaître certains détails invisibles, connaître la pièce et savoir combien de travail il y a derrière un tel résultat, c’est ce que j’ai appris en effectuant mon stage chez La Belle et la Bête.

Extraits de « Berufs Orientierung an Gymnasien, Bericht von Simone Frasch », traduction et adaptation de Sébastien et Ingeborg M.